Masques, Afnor, protections sanitaires : la saga continue !

dimanche 17 mai 2020

Les masques distribués

D’abord et autant le dire tout de suite : les masques reçus et distribués dans les établissements scolaires, sans d’ailleurs de références ni de mode d’emploi (mais vous les trouvez ici

notice des masques distribués

), ne sont pas des EPI (équipements de protection individuels). Produits au Vietnam, ce sont de simples barrières anti postillons, ce ne sont pas des masques sanitaires, alors même qu’ils sont « conformes aux normes Afnor (« AFNOR SPEC S76-001 », c’est leur notice qui le dit). On les appellera dans la suite de l’article « masques-barrières ».

Pourquoi le répéter ? Parce que ne pas le dire clairement, en ne parlant toujours que de « masques » et en confondant ainsi « barrières anti-postillons » (dits aussi masques alternatifs à usage non sanitaire), masques à usage médical, et masques de protection respiratoire FFP (EPI), c’est mettre les personnels, et par ricochet la société, en danger.

Il n’y a rien de commun entre les « masques grand publics » et les EPI, (FFP2, etc …). Les équipements qu’on appelle « masques-barrières » sont des masques, le plus souvent en tissu , lavables. Ils peuvent être « faits maisons », ou fabriqués par en usine (c’est le cas de ceux-là).

Les masques distribués sont de simples barrières à sens unique (vers l’extérieur), ils ne protègent en aucun cas le porteur. Autant le savoir, si vous êtes proche d’une personne sans masque, et sans vouloir être parano, rien ne vous protège. Donc, la seule solution pour vous protéger, c’est de garder la distance, utiliser des nettoyants anti-viraux, et que tout le monde porte un masque-barrière. Ambiance dans les établissements, évidemment.

Les EPI, c’est autre chose. On appelle EPI les masques de protection destinés aux professionnels de santé, protégeant le porteur et son environnement. Ils protègent, mais sont peu adaptés à l’enseignement, vous ne croyez-pas ?

Et maintenant, quid de la production de tous ces masques ?

Nous avons déjà parlé du scandale de la fermeture de l’usine de masques de Plaintel dans les Côtes-d’Armor, lâchée pas l’État et Honeywell. Ce scandale et ses suites permettent de comprendre de quoi il s’agit. « Investisseurs » et capitalistes sont à la fête !

Le 16 mars, l’Union Syndicale Solidaires 22, dont est membre Sud-Education 22, avançait le projet de relancer la production d’équipements sanitaires en créant une coopérative (SCIS), dans un projet de relocalisation industrielle indépendant des marchés. En effet, le travail dans une société coopérative d’intérêt collectif n’est pas organisé en fonction du profit mais de l’utilité sociale, sanitaire et environnementale.

Malheureusement, nous sommes à présent dans les grandes manœuvres capitalistes, car le marché des équipements de protection (masques, mais aussi surblouses, gants, …) est devenu soudain gigantesque, et donc peut générer d’énormes profits. Ceci est d’autant plus vrai que les gouvernements, sous pression, vont subventionner à tours de bras, et que les banques disposent de liquidés presque infinies, puisque la BCE a lâché 750 milliards pour la relance des affaires. C’est la fête chez les capitalistes !

Et on a vu ainsi débarquer dans les Côtes-d’Armor, pour « relancer la production » et en torpillant le projet de coopérative, Monsieur Abdallah Chatila, un « industriel » (premier abus de langage : c’est un investisseur dans divers domaines, immobilier, diamants et restaurants), qui « s’engage financièrement » (second abus de langage : l’argent proviendra des subventions et des prêts des banques).
Il s’agirait de s’installer sur le site de l’ancienne usine Chaffoteaux de Ploufragan, victime elle-aussi en son temps des grandes manœuvres capitalistes.

Soutenu par des élus hypnotisés ou complices, il y a fort à parier que le projet de M. Chatila est de s’engraisser sur les subventions, puis de larguer l’affaire fortune faire. Diamants, immeubles, restaurants, masques, tout est bon pour s’enrichir (et ici, en plus, passer pour un philanthrope !)

communiqué intersyndical Plaintel 2 mai 2020
communiqué intersyndical Plaintel 11 mai 2020

-* Nous ne devons laisser notre santé, ni aux mains du gouvernement, ni aux mains des capitalistes !

-* Pour le monde d’après, assez des recettes du monde d’avant !

Et pour l’Éducation nationale :

-* Nous dénonçons le fait que l’Éducation nationale expose de la sorte la santé de ses personnels ! Nous exigeons une information claire du rôle et de l’emploi des masques distribués.

-* Face à cette défaillance des systèmes de protection, SUD éducation appelle les personnels à s’organiser collectivement pour protéger leur santé sur leur lieu de travail, à utiliser si besoin les RSST, à signaler si besoin des Dangers Graves et Imminents et dans ce cas à pouvoir faire usage de leur droit de retrait.}