Consultation sur les programmes du premier degré

lundi 7 octobre 2013

En plein cafouillage sur la réorganisation des rythmes scolaires, le ministère de l’éducation nationale se décide « enfin » à aborder un point central de nos revendications : la réécriture des programmes scolaires.
« Enfin », car voilà fort longtemps que nous réclamons de repenser les programmes, point essentiel d’une « refondation » qui ne peut se présenter comme une simple réorganisation des emplois du temps...

La loi d’orientation du 8/7/13, dite « de refondation », a donc créé un Conseil Supérieur des Programmes (CSP), chargé d’émettre des avis et de formuler des propositions sur « la conception générale des enseignements […] et l’introduction du numérique [...] », « le contenu du socle commun […] », les épreuves des diplômes du second degré et les concours de recrutement des enseignants.

Au-delà du choix fait par la nouvelle majorité de maintenir l’existence du socle commun, on ne peut qu’exprimer des craintes quant à la composition de ce CSP : trois députés et trois sénateurs, deux membres du Conseil économique, social et environnemental (CESE) , mais surtout « dix personnalités qualifiées nommées par le ministre ». On acte donc que les programmes seront assujettis aux changements de majorité politique. Et ne court-on pas le risque de voir les grandes entreprises s’inviter au sein de ce CSP ? Un procès d’intention, certainement... Mais à l’heure où le ministère conclut des partenariats avec Total, on est en droit de se poser la question.

Le recteur nous impose maintenant, dans sa lettre aux directrices-eurs d’école du 19/9/13, une consultation en deux temps :

  • La première phase concerne les programmes en vigueur, « afin de recueillir les avis et suggestions des personnels enseignants et des inspecteurs de l’éducation nationale ».
  • La deuxième, en fin d’année scolaire, portera sur les projets de programmes élaborés par le CSP.

Encore une fois, on assiste à une parodie de discussion :

  • Les remontées de la première consultation doivent se faire avant le 18 octobre (voir plus tôt dans certaines circonscriptions), soit un délai de moins d’un mois, en pleine période de rentrée. On peut légitimement s’interroger sur la qualité du travail effectué dans ces conditions, et alors même que dans bien des communes, les enseignants sont déjà confrontés aux difficultés de la réforme des rythmes scolaires.
  • Aucun retour, aucune synthèse en direction des écoles ne sont prévues, au niveau local par exemple, avant la deuxième consultation.
  • Les formulaires de réponse sont orientés : on nous demande par exemple d’évaluer « l’articulation avec les compétences du socle commun » mais en se gardant bien de nous demander notre avis sur ledit socle.

Enfin, la deuxième consultation fera l’objet de 3h de réunion au sein des équipes éducatives, heures qui seront prises sur le volant des animations pédagogiques : après la quasi-disparition du Programme Académique de Formation, victime des coupes budgétaires et du manque de remplaçants, après l’amputation de moitié des 18h d’ animations pédagogiques (la moitié se fera désormais en auto-formation à distance), le ministère assène ainsi un dernier coup à la formation continue des professeurs des écoles.

Décidément, la refondation est mal partie !