Travail gratuit dans l’Education nationale : cela ne peut plus durer !

lundi 18 novembre 2013

Les conditions de travail des personnels dans l’Éducation nationale sont mauvaises, comme l’a démontré cette année une étude de la Direction de l’Évaluation et de la Prospective et de la Performance : pour les enseignant-es, nous travaillons en moyenne 44h par semaine dans le primaire, 41h dans le secondaire, ce qui est bien plus que ce que nos obligations de service.
Un rapport de l’I.G.E.N. de 2012 sur les composantes de l’activité professionnelle des personnels souligne que « l’impression que le travail, loin de s’arrêter une fois franchies les portes de l’école, empiète largement sur la vie privée ».

Au cours des dernières années, ce sentiment d’être de plus en plus exploité-e s’accentue :

  • Journées à rallonge du fait des aides personnalisées / activités pédagogiques complémentaires.
  • Injonctions et formulaires hiérarchiques de plus en plus nombreux, nous demandant de rendre compte de notre activité (aide personnalisée en primaire,...).
  • Espaces numériques de travail dans le secondaire, qui contribuent à brouiller cette séparation entre vies professionnelle et privée.
  • Multiplication des réunions pédagogiques.

Le passage à la semaine de 4 jours et demi dans le primaire, avec maintien de l’aide personnalisée qui avait servi de caution à la semaine de 4 jours, conduit à nouveau à un alourdissement de notre charge de travail (sans compter tous les problèmes d’organisation que les enseignant-es doivent/devront gérer pour le bien-être de leurs élèves).

Le « rattrapage » de la journée de prérentrée le 13 novembre et le 11 juin ont été très mal vécues par la majorité des collègues, qui estiment avec raison qu’on ne peut pas rattraper une journée de travail déjà effectuée.

C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase !

C’est ce qui nous a amené à nous pencher sur nos obligations de service.

Or, aussi incroyable que cela puisse paraître :

La rentrée des enseignants ne fait pas partie de l’année scolaire, qui commence le jour de la rentrée des élèves (arrêtés du 28/11/2012 et du 20/07/2009).

Le service d’accueil de 10 minutes effectué par les professeur-es des écoles au début de chaque demi-journée n’est pas inscrit dans leurs obligations de service, qui sont uniquement de 24h hebdomadaires + 108h annualisées (décret n° 2008-775 du 30/07/2008).

Le service d’enseignement n’est pas annualisé, il est donc impossible d’effectuer un « rattrapage » d’heures non effectuées (même décret).

Par contre, est annualisé le temps de travail des ASEN, CPE, AVS/EVS, Infirmières, Secrétaires, Assistantes Sociales, etc. Dans leur cas, les demi-journées du 13 novembre et 11 juin ne sont pas obligatoires. S’ils travaillent ces jours-là pour des questions d’organisation du service, les heures effectuées seront à déduire de leur horaire annuel.

Ce temps de travail obligatoire mais non rémunéré, s’élève ainsi à 12h/an dans le secondaire, et de 60h (semaines de 4j) à 66h (semaines de 4,5j) dans le primaire.

Nous ne sommes pas des esclaves, nous ne travaillerons pas gratuitement !
Il n’est bien sûr pas question de renoncer à la journée de prérentrée, indispensable pour bien organiser notre travail, ni les temps d’accueil, moments privilégiés de communication avec les élèves et leur parents.
Par ailleurs, Sud éducation refuse d’entrer dans une logique de primes ou d’augmentations salariale liées à une augmentation de la charge de travail. Ce que nous voulons, c’est une amélioration de nos conditions de travail et une compensation par des réductions de service des tâches supplémentaires et de la pénibilité. C’est toute l’organisation du service des enseignant-es qu’il faut revoir.
Dans le primaire, cela passe notamment par l’abandon des Activités pédagogiques complémentaires. Dans les écoles comme dans les établissements du secondaire, l’ accroissement du temps de concertation et de travail en équipe dans le service doit se traduire par un abaissement des heures d’enseignement.
Cela n’empêchera pas de réclamer une augmentation de nos salaires, qui sont en constante diminution (à prix constants) depuis plus de 10 ans.

En attendant, si le ministère est sourd, tirons-lui l’oreille ! Commençons par réclamer notre dû, la juste rémunération de ce travail gratuit et invisible que nous effectuons chaque jour et chaque année.

Réclamons le paiement de nos heures faites. (On peut réclamer le paiement sur les 4 dernières années écoulées).