L’enseignement des langues en Bretagne : le projet du Rectorat doit être rejeté !

jeudi 19 décembre 2013

Le Rectorat a lancé fin novembre, sans concertation, le projet de réforme expérimental pour l’enseignement des langues vivantes : le « projet » reste flou, mais il s’agit d’introduire dès la 5ème une deuxième langue vivante, en diminuant dans le même temps les horaires des classes de 6ème, 4ème et 3ème (les moyens ne sont pas extensibles : on reste à moyens constants).

Cette réforme menace l’enseignement de l’Allemand en 6ème, et l’enseignement des langues en option (Latin ou Breton), introduites pour le moment en 5ème également, et qui pourraient du coup apparaître comme une charge trop lourde. C’est pourquoi il faut la refuser

Introduire une LV2 de 3H en 5e, donc un enseignement obligatoire, ne peut pas être sans effet sur les langues dites « optionnelles », autrement dit le Latin (2h en 5e) et le Breton (1h) - que l’on peut encore cumuler (pour le moment) dans plusieurs établissements. Il ne faut pas oublier qu’en 5e arrivent aussi les Sciences Physiques (1h30). Donc, avec une LV2, les élèves vont entrer en 5e avec 4H30 supplémentaires par rapport à la 6e, et encore sans aucune option. Il n’est pas difficile d’imaginer que beaucoup reculeront devant la perspective de 6h30 supplémentaires par rapport à l’année précédente (en prenant l’option Latin) ou 7h30 (en étant à la fois bretonnant et latiniste).

Face à ces risques, il nous faut défendre l’enseignement de toutes les langues (vivantes, anciennes, régionales) et ceci, sur un pied d’égalité.

Nous sommes opposés à la spécialisation des établissements (l’un a sa filière « bilangue », mais plus du tout d’Allemand, ni de Breton, l’autre a de l’Espagnol et du Latin, mais rien d’autre parce qu’un établissement proche réunit déjà le « toutes options », etc.) : cette spécialisation ne révèle rien d’autre qu’une inégalité territoriale et un appauvrissement du choix des langues étudiées dans la majorité des établissements - avec un établissement « phare » (de préférence en centre-ville) qui propose les langues qui font défaut aux autres.

Le service public d’éducation devrait proposer une offre large de langues, LV1 et LV2, et d’options. Or la tendance actuelle est plutôt de réduire l’offre linguistique et de proposer le moins d’options et de langues possibles.
C’est ainsi que si vous voulez apprendre l’ Arabe, une des grandes langues mondiales, dans les Côtes d’Armor, il vous faudra passer par le privé. Quant au Portugais, aucun établissement ne le propose.

La situation de l’enseignement des langues n’est pas satisfaisante, le projet du Rectorat ne l’est pas plus : il doit être retiré.

Il faut prendre la question de l’enseignement des langues de manière globale, dès le primaire. Il faut offrir dans l’enseignement public un large panel de langues vivantes, et favoriser des conditions d’enseignement qui permettent réellement aux élèves de mémoriser et de progresser dans la pratique des langues étrangères.
En effet, il est plus efficace quand on apprend une langue d’y passer un grand nombre d’heures dans la semaine. Mais on ne peut pas surcharger les horaires, et 2h par semaine ça n’est pas suffisant : il faut oublier et se rappeler souvent pour vraiment mémoriser. On pourrait par exemple essayer une répartition des heures par modules (exemple : 4 semaines à 8h, puis rien pendant 4 semaines etc.).

En combinant les EDT par classe et par matière, on pourrait obtenir tout de même des horaires globaux quotidiens et hebdomadaires (des élèves et des profs) réguliers.