Dans le second degré, que prévoit le projet de « refondation de l’école » en ce qui concerne l’enseignement ?

mardi 23 octobre 2012

Dans les Collèges, tout continue

Le ministre affirme son attachement au collège unique. Dans le même temps, en plus du tronc commun, il prévoit que des enseignements complémentaires ou des dispositifs différenciés pourraient être proposés en 3e avec stages contrôlés par l’État. Le « dispositif d’initiation aux métiers en alternance » (DIMA) sera cependant abrogé : il prévoyait une formation en alternance d’élèves de 15 ans dans un projet d’entrée en apprentissage. De même le dispositif « éclair » semble aussi supprimé.
Mais la « priorité » affichée pour le primaire (et déjà loin de nous satisfaire) sert d’alibi au ministère pour ne proposer aucune véritable amélioration pour le collège, dont on sait pourtant les difficultés qu’il crée pour nombre de collègues et d’élèves. Le collège reste inscrit dans la logique du socle commun et du Livret personnel de compétences. L’affirmation du maintien du collège unique est en partie contredite par la énième introduction de différentiations. Rien n’est dit concernant la note de vie scolaire, dont nous demandons l’abrogation depuis sa création. La réflexion sur le DNB (Brevet des Collèges) est reportée à plus tard, de même qu’une réflexion approfondie sur les programmes et l’évaluation... En revanche, les affirmations de V. Peillon à la presse sur la place de l’entreprise sont parlantes : « Il faut faire découvrir l’entreprise et les métiers dès la sixième ». Les projets pour l’enseignement professionnel vont dans le même sens.

Dans l’enseignement professionnel, place au pilotage des régions

Les régions auraient un rôle majeur dans la définition de la carte des formations : ce sont elles qui décideraient des ouvertures de sections, alors que l’éducation nationale conserverait la main sur les fermetures. Le ministère prévoit une réduction des épreuves du CCF, avec une prise en compte partielle du contrôle continu. Les périodes de formation en entreprise seront revues avec une réduction à 4 semaines maximum en première année de Bac mais, à la demande des entreprises, augmentées sur la totalité du parcours avec 24 semaines en tout sur le cycle. Le ministère veut assurer la possibilité aux élèves de Bac pro d’accéder aux BTS, en leur donnant une priorité, et en permettant aux élèves qui le souhaitent de réduire de 3 semaines le temps passé en entreprise pour se préparer au BTS. Le ministère affirme sa volonté que soit délivré un diplôme de niveau 5 à tous les élèves. Des modules spécifiques de rattrapage seront mis en place (3 semaines pris sur le temps de stage en entreprise) pour assurer un diplôme à l’issue de la 1ère pro et permettre en cas d’échec une nouvelle présentation en terminale pour éviter une sortie sans diplôme. La mise en place d’un Lycée professionnel modulaire est annoncée : le bac pro 3 ans resterait la norme, et sous couvert de rétablir la possibilité de parcours en 4 ans jusqu’au Bac pro, une seconde pro de détermination serait mise en place pour les élèves en difficulté.

Pour la carte des formations, en laissant la belle part aux régions (les ouvertures) et en laissant à l’État le mauvais rôle (celui des fermetures), le gouvernement cherche à garantir une légitimation du rôle des régions. Ce nouveau volet de la décentralisation est un autre pas majeur vers l’éclatement du service public d’éducation, son démantèlement libéral pan par pan, sa soumission toujours plus avancée aux impératifs des bassins d’emploi et des entreprises locales. Les régions obtiennent ainsi les pleins pouvoirs pour accentuer leur politique de développement et de promotion de l’apprentissage, occultant le taux important d’abandons (30 % dans la période d’essai) et emprisonnant les jeunes dans un déterminisme social, géographique et professionnel. Pourtant, l’apprentissage n’est en aucun cas une réponse efficace et agir dans le seul domaine de la formation ne suffira pas à résoudre le problème du chômage des jeunes. Les conséquences à venir de l’acte III de la décentralisation sont prévisibles : aggravation des conditions de travail des personnels de l’éducation nationale (à terme remise en question du statut des enseignants), mixité des publics à accueillir, multiplication des tâches, phagocytage et pilotage de la formation professionnelle par les entreprises locales.
La soumission de l’enseignement professionnel aux logiques des entreprises est également marquée par l’allongement des périodes de stage, allongement dont rien ne prouve l’utilité pour la formation des élèves. SUD éducation revendique un enseignement professionnel au sein du service public national d’éducation, sous statut scolaire, contre le développement de l’apprentissage et la décentralisation.

Dans les les Lycées généraux et technologiques, la « réforme » est maintenue

Les réformes des lycées généraux et technologiques ne sont pas remises en cause. Des ajustements sont cependant en discussion, comme la réintroduction, que nous réclamions, de l’Histoire-Géographie en Terminale scientifique. Mais globalement le ministre maintient la réforme avec l’accompagnement personnalisé, l’organisation des enseignements d’exploration, les groupes de compétences en LV, les stages de remise à niveau… La réforme des STI suit son cours et là non plus, aucune réflexion d’ensemble sur les programmes.

Là encore, le choix de communiquer sur la priorité donnée au primaire met au second plan la question des LGT. Les réformes de la droite sont validées, et aucune perspective transformatrice n’est donnée. SUD éducation s’est opposé dès le début à la mise en place de la réforme du lycée général et technologique : réductions des horaires, globalisation d’une partie des horaires qui aboutissent à la mise en concurrence des disciplines et des établissements, saupoudrages des enseignements d’exploration, inadéquation et leurre de l’accompagnement « personnalisé » sans moyens… SUD éducation, avec l’intersyndicale STI, conteste l’obligation de changement de discipline, exige une remise à plat de la réforme.

Nous continuons d’exiger l’abrogation de la réforme du lycée et nous revendiquons des améliorations immédiates dans la perspective d’un lycée unique, le lycée polytechnique pour tou-tes (V. Peillon ayant affirmé à tort pendant la consultation qu’il n’y avait pas eu de demande de 2nde commune de la part des organisations syndicales).

Pour consulter notre position sur la « refondation de l’école » en général, voir ici