Premier degré : Blanquer veut mettre les écoles au pas

lundi 1er février 2021

Sur la note d’analyse et de propositions pour le programme de l’école maternelle

En décembre 2020, une note d’analyse et de propositions pour le programme de l’école maternelle est parue. Celle-ci préconise de recentrer les objectifs de l’école maternelle sur l’acquisition des fondamentaux et la préparation à l’entrée au CP, c’est-à-dire l’entraînement aux évaluations nationales. Face aux réactions de différentes associations (ICEM, AGEEM, …), le ministère a tenu à préciser que la modification des programmes n’était pas d’actualité. Néanmoins, nous constatons à quel point cette note prolonge l’offensive neuropédagogique actuelle et c’est la raison pour laquelle nous devons d’ores et déjà réfléchir à nos possibilités d’y résister.
Cette note appuie son argumentaire sur la défense des évaluations nationales en vigueur au CP, pourtant dénoncées par de nombreux-ses enseignant-es et syndicats car inappropriées, sexistes, anxiogènes, chronophages, et en inadéquation complète avec les pratiques vivantes des enseignant-es. Cette fois, ce sont des évaluations dès l’entrée à l’école maternelle qui sont envisagées dans cette note.

Le ministre Blanquer veut mettre au pas les enseignant-es en leur imposant, via la consultation de soi-disant experts n’ayant jamais enseigné dans les classes concernées, des recommandations issues des neurosciences cognitives. Nos classes ne sont pas un laboratoire, nos élèves ne doivent pas être soumis aux exigences de performances. Nous continuons de défendre la classe comme milieu vivant et sensible. L’école maternelle doit rester un lieu d’accueil des plus jeunes enfants, lieu d’expériences et de découvertes.

Sur les formations Constellations

Des nouvelles modalités de formation sont imposées aux collègues du 1er degré : les formations par constellations. Celles-ci réunissent plusieurs enseignant-es autour d’un thème imposé, sous le pilotage d’un CPC (garant des recommandations pédagogiques du ministère) pour des préparations en amont, des visites en classe puis un retour critique sur le travail observé en classe et mené par l’un.e des participant-es.
Il s’agit, sous couvert de formation par les pairs, de progresser vers une surveillance plus étroite des préparations des enseignant-es, en associant ces dernier.ères à l’évaluation de leurs collègues. Seuls les fondamentaux seront concernés par ce temps de formation. L’objectif assumé de ces formations est bien de « renouveler les gestes professionnels » en imposant les recommandations neuropédagogiques dans la classe.

Nous revendiquons notre droit à la liberté pédagogique et refusons de nous voir imposer des pratiques de façon de plus en plus autoritaire. La formation devrait pouvoir être librement consentie, et la confiance accordée aux enseignant-es.

Sur le panel 2021 d’enquête de la DEPP

Cette année, comme en 2007 et 2011, la DEPP (Direction de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance) va enquêter sur un panel d’élèves tout au long de leur scolarité. Concernant le panel 2021, obligation scolaire oblige, l’enquête concernera les enfants dès 3 ans. Ce recueil d’informations auprès des familles et des enseignant-es a pour objectif de mesurer l’effet de la scolarité sur les enfants, le lien avec le milieu social et l’implication des familles, et celui avec les dispositifs pédagogiques mis en œuvre.
Cette initiative participe d’une volonté du ministère de l’Education Nationale de collecter toujours plus d’informations sur les élèves, leurs familles, les enseignant-es et les établissements. Les questions posées se révèlent tout à la fois subjectives, morales et hors de propos (portant sur les réactions de l’enfant : colère, émotivité, refus d’entrée dans les activités, ou encore savoir s’il « répond mal » ou perd ses vêtements). On devine l’exploitation comportementaliste, stigmatisante voire sécuritaire qui peut être faite de ces informations.

Nous sommes des enseignant-es, notre rôle n’est en aucun cas de collecter des données à vocation de fichage. De plus, ces enquêtes participent d’une normatisation morbide. Notre rôle d’enseignant.e est bien d’aider nos élèves à grandir et à s’affranchir, en aucun cas de jouer aux prédicteurs ou de les mesurer à l’aune d’un comportement-modèle.