Les postes spécifiques académiques, ou comment contourner les règles du mouvement

lundi 1er juillet 2013

Postes spécifiques académique 2013 : morceaux choisis

Le 24 mai dernier s’est tenu au rectorat le GT (groupe de travail) d’affectation des collègues sur postes SPEA (postes spécifiques académiques, c’est-à-dire postes à profil).
Si vous n’avez pas une vision très claire de ce que sont les SPEA, voici de quoi il s’agit  : on trouve dans cette catégorie des postes correspondant à des types de SPEA identifiés (ainsi postes en EREA – établissements régionaux d’enseignement adapté, qui prennent en charge les adolescent « en grande difficulté scolaire et sociale, ou qui présentent un handicap », postes avec enseignement du FLE – français langue étrangère, postes bivalents, poste CURE – en établissement de soins, postes préparant au bac d’un autre pays (EBAC en italien, ABIBAC en allemand...), postes en classes européennes (DNL = enseignement d’un discipline non linguistique dans une langue étrangère) ou en enseignement bilingue (breton), postes en classes à horaires aménagés musique ou arts (CLHA, CHAM...), SES – postes en SEGPA, postes en UPI, postes dans les classes avec enseignement en BTS...
On trouve aussi les postes classés APV, c’est-à-dire l’ensemble des postes des établissements classés APV, 2 dans l’académie : les collèges Surcouf à Saint Malo et Le Coutaller à Lorient. Il s’agit d’établissements considérés comme difficiles.
La dernière catégorie des SPEA « à profil » est celles des postes classés PART, c’est-à-dire particuliers, donc chacun a une fiche de poste spécifique. Ils sont nombreux parmi les postes de lycée professionnel, ce qui correspond souvent à des diplômes ou expérience spécifique requise. C’est dans cette catégorie que se classent les postes les plus grossièrement créés pour accueillir une personne particulière, en particulier dans les collèges et lycées.

Parmi les postes répondant à des types identifiés, certaines catégories semblent globalement légitimes (EREA, CURE, SEGPA...), pour la plupart des autres se posent souvent la question de l’opportunité de créer ce poste-là dans cet établissement-là et à ce moment-là : par exemple, pourquoi créer un SPEA FLE pour quelques heures, jusque là assurées par un contractuel, quand le profil des élèves des écoles du secteur de recrutement montre que le besoin en FLE de l’établissement devrait disparaître dans les année qui suivent ?

Tous les ans, des postes particuliers aux intitulés particulièrement bidon sont créés : il y a 2 ans, « espagnol et nouvelles technologies », cette année « maths en suivi des sportifs de haut niveau », par exemple. Depuis 2012, chaque SPEA doit avoir sa fiche de poste, complétée par le/la chefFe d’établissement, cependant seule une petite partie est disponible aujourd’hui, vous pouvez les consulter à cette adresse :
http://www.ac-rennes.fr/jahia/webdav/site/academie2/groups/RECTORAT-COM_Tous/public/emploiCarriere/pdf/SPEA290313.pdf
Certaines fiches sont une liste qui n’en finit plus de « compétences » et autres attestations, certificats, habilitations tellement précise qu’il n’y manque plus que le groupe sanguin et le typage HLA pour éliminer tout risque qu’unE autre que le/la titulaire prévuE ne s’y glisse...

Parce que les cas d’injustices les plus manifestes se multiplient, il est de la responsabilité de chacunE de réagir  : dans ces établissements, dans les CA, les collègues ont la possibilité de peser contre la création de ces postes. Peut-être que trucmuche, le TZR qui est là depuis 2 ans est vraiment sympa et ce serait cool qu’il reste, mais là n’est pas la question : le système qui se met en place génère inégalités, injustice, clientélisme, arrangements opaques. Lorsque ces situations nous sont soumises, il n’est plus question que du choix du candidat à affecter : c’est bien en amont, des établissements au CTD (comités techniques départementaux) que notre voix doit se faire entendre pour faire barrage à la création de ces postes, et pour en obtenir la suppression.

Pour conclure, et parce qu’avec des illustrations c’est toujours plus clair, un résumé des 4 cas les plus injustes de cette année.

Pour un poste avec « habilitation histoire des arts » le candidat retenu par l’administration a de loin le plus petit barème, choix argumenté par les avis du chef d’établissement et de l’IPR :« parcours professionnel » et « cursus universitaire » prouvant « l’excellence » et la « forte motivation », « excellent professeur ». Il s’agit d’un TZR passé par l’établissement... Nous avons fait remarquer que l’ « excellence » n’était pas la spécificité du poste, mais l’habilitation requise. Les éluEs des personnels se sont opposés à l’attribution du poste au candidat ayant le plus petit barème alors qu’il existait une autre candidature recevable (habilitation aussi) avec un barème beaucoup plus élevé.
En définitive, c’est la candidate au barème le plus élevé qui a été affectée.

Dans un autre établissement, pour un poste en classe européenne sur DNL (discipline non linguistique – pour ces postes, la fiche de poste commune est « posséder la certification pour enseigner la DNL »), 2 candidatures sont recevables (dossier déposé et possession de la certification). Encore une fois, le TZR en place, nommé « par le hasard des remplacements » dans l’établissement, est retenue avec un barème près de 7 fois inférieur à celui de la candidate évincée, dont le proviseur avait reconnu la « qualité », la « grande maîtrise », qui avait aussi un avis favorable de l’IPR mais évincée pour manque d’expérience solide « pour les attendus d’un établissement à fort rayonnement [linguistique] ».
Les éluEs encore une fois se sont exprimé pour dénoncer l’inégalité dans le traitement des dossier. Cette année c’était au bénéfice des TZR en place, les années précédentes nous avons pu voir des situations inverses, ou parce que le/la TZR s’était accroché avec son/sa chefFe d’établissement d’exercice, il/elle se voyait évincé d’un SPEA.
En définitive, sur ce poste aussi c’est la candidate au plus fort barème qui a été affectée.

Dans une autre discipline, un poste non typé a été supprimé par mesure de carte scolaire, le titulaire muté, loin. Deux ans plus tard, le poste réapparaît, mais typé. On s’attendrait à ce que le collègue qui l’occupait avant la carte scolaire le retrouve, la spécificité n’a pas changé, mais c’est un autre candidat qui l’obtient. Puisque le collègue évincé répond à tous les critères de la fiche de poste (expérience, habilitations), c’est une habilitation supplémentaire qui serait nécessaire. A la lecture de l’intitulé de l’habilitation en question, nous apprenons qu’il s’agit de pouvoir évaluer « les élèves, les collègues et les salariés » ! Ainsi les enseignants de la formation initiale de l’éducation nationale doivent évaluer les salariéEs !
Sur cette affectation, les éluEs du personnel s’opposent à l’unanimité au projet de l’administration.
C’est pourtant celui-là qui est retenu par le recteur.

Enfin, le meilleur pour la fin, cette année a été créé un poste « suivi des élèves sportifs de haut niveau ». Les éluEs sont consternéEs : pourquoi cette spécificité, pourquoi sur cette discipline-là, en quoi suivre les élèves et assurer les liens avec les parents justifierait un poste spécifique... Une seule candidature sur ce poste : en effet, qui pourrait se sentir concerné et postuler sur quelque chose de tel, si ce n’est la personne visée ! Les postes créés pour garder les TZR semblent donc devenir pour l’administration et certainEs chefFEs d’établissement une façon de faire respectable !
Les éluEs ont fait le vœu unanime du refus de nommer quelqu’un cette année dans l’optique d’une suppression de ce poste SPEA au prochain CTD.

Depuis, nous avons été informé de l’affectation de la personne prévue...