Asphyxie programmée du service public d’orientation

jeudi 16 février 2006
par  Herv� DORIZON

En 2003, Raffarin avait prétendu« fourguer en force » le service public d’orientation et ses personnels aux régions.
2006 : Tirant les leçons de son échec précédent, le gouvernement organise l’asphyxie progressive de la profession.

Seulement 55 postes sont mis aux concours 2006 !
 
Soit une baisse de près de 60 % par rapport à 2005 qui avait déjà enregistré une baisse par rapport à l’année précédente (cf. ci-dessous).
Or ce sont au moins 335 recrutements annuels qu’il faudrait pour, au minimum, remplacer les départs en retraite.
(cf. Éducation et formations, n°71, juin 2005)
 
 
 ? depuis 2002 le recrutement a été divisé par 5 !
 
 ? Si l’on prend en compte les futurs départs en retraite et un recrutement de seulement 55 COP par an à partir de 2006, le nombre de COP va baisser de manière accélérée dans les années à venir.
 
Cette baisse fait suite aux suppressions inacceptables de postes de COP, de DCIO et de personnels administratifs ces 2 dernières années et aux restrictions de crédits des CIO d’Etat.
 
C’est très clairement, la chronique d’une mort annoncée
 Nous ne sommes pas les seul-e-s à être touché-e-s par cette baisse. Tous les personnels de l’Éducation Nationale sont visés. Le ministère a indiqué fin décembre que seulement 23 250 postes d’enseignant-e-s seront offerts aux concours en 2006. Cela représente dans le premier degré, une baisse de 13% alors que la natalité est repartie à la hausse depuis plusieurs années, et dans le second degré, une baisse de 29 %.
Pourquoi cette baisse des postes ? Simplement parce que le gouvernement considère l’éducation comme un coût et pas comme un investissement à long terme.
La droite (comme hier, hélas, la gauche plurielle) croit faire des économies en détruisant tout le secteur public, sans réfléchir aux conséquences dramatiques et à leur coût social démultiplié. Une école publique moins efficace, c’est davantage de chômage, d’exclusion, de misère, de désintégration sociale, de violence, de souffrance à prendre en charge à l’avenir.
L’emploi précaire explose, le nombre d’allocataires du RMI augmente, les travailleur-se-s pauvres sont de plus en plus nombreux-ses. Les fonctionnaires sont donc une espèce devenue, par essence, subversive, car la " modernité libérale " exige la casse des statuts, des droits, des garanties collectives, et des conquêtes sociales. Le fonctionnaire devient une espèce nuisible, car il incarne une vision du travail qui ne cadre pas avec celle du MEDEF et de ses relais politiques qui souhaitent généraliser à toutes et tous la précarité.
 
Apprentissage à 14 ans, CPE, CNE, contrats seniors. C’est la précarité généralisée à perpétuité ! Modernité oblige !
 
Le gouvernement Raffarin n’avait pas réussi en 2003 à transférer autoritairement les COP et DCIO aux régions en raison de la conjonction de la forte opposition des personnels et du formidable mouvement social alors en action. Du coup, le ministère a choisi l’asphyxie progressive de notre catégorie rendant par la même le maintien du potentiel de formation très hypothétique.
 
Face à cette inquiétante situation, il faut que la profession toute entière se mobilise aux côtés des autres personnels de l’Éducation (encore) Nationale.
 
 
SUD Éducation, fort de sa petite mais réelle représentativité chez les COP-DCIO, avec 10% des voix en CAPN dans notre académie en décembre 2005, entend bien ne pas laisser le service public d’orientation disparaître au profit d’organismes privés au service des intérêts patronaux.
 
L’ECOLE N’EST PAS UNE ENTREPRISE.
 
L’ÉDUCATION ET L’ORIENTATION NE SONT PAS DES
 
MARCHANDISES