Communiqué de la fédération SUD éducation : Suicide d’un enseignant du Puy-de-Dôme

dimanche 6 octobre 2019

Nous avons appris le suicide de Laurent Gatier, 52 ans, professeur de service et commercialisation du lycée professionnel de Chamalières (Puy-de-Dôme). Il a mis fin à ses jours le 9 septembre dernier en laissant une lettre qui évoque des pressions de sa hiérarchie.
Nous souhaitons à notre tour présenter nos condoléances à la famille et aux proches.
Dans sa lettre, il dénonce également des conditions de travail insupportables. Il était professeur depuis vingt-sept ans dans le même lycée et responsable du bureau des stages depuis 15 ans. En plus de ses heures de cours, il accompagnait dans la recherche de stages, rencontrait des professionnels pour nouer des partenariats, assurait un suivi pédagogique, effectuait des visites sur le terrain, gestion. Alors que les quelques heures supplémentaires qui lui étaient attribués pour ce travail conséquent ont été grandement amputées en cette rentrée chaotique en LP, Il s’est retrouvé avec une surcharge de travail considérable, son binôme en arrêt maladie depuis février n’ayant pas été remplacé par l’administration. Avec une reconnaissance financière modique, la charge de travail trop lourde est allée de pair avec un management agressif : “mots violents et vexants pour le secouer, appels parfois très tard” nous dit son fils, ce fut trop pour Laurent Gatier.
La souffrance au travail existe bel et bien. Elle touche l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale, tous exposés à des conditions de travail pathogènes. Ces enseignant-e-s épuisé-e-s et stressé-e-s peuvent mettre fin à leur calvaire professionnel en mettant fin à leur vie. Comme tout employeur, l’Éducation nationale a des responsabilités, comme le prévoit le Code du travail, qui oblige ce dernier à « prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs ».
Un CHSCTA extraordinaire se réunit ce lundi 7 octobre afin qu’une enquête soit menée par les représentant-e-s du personnel pour établir le lien entre la mort de notre collègue et ses conditions de travail et exiger des vraies mesures de prévention et de protection de la part de la hiérarchie.

SUD éducation exige que chaque suicide soit porté sans délai à la connaissance d’un CHSCT et des organisations syndicales.
SUD éducation exige que le ministre communique les chiffres qui permettraient de prendre conscience de l’ampleur des suicides dans l’éducation nationale.
SUD éducation exige du Ministre que cesse la mise en place d’organisations du travail pathogènes et demande de réelles mesures de prévention et de protection des personnels afin d’éviter que ce drame se reproduise encore.

SUD éducation revendique :

Le retrait de réforme de la voie professionnelle, perte du sens du métier des PLP engendrant angoisse et souffrance, comme l’a officiellement demandé le CHSCTM le 10 septembre.

Que chaque suicide soit porté sans délai à la connaissance d’un CHSCT et des organisations syndicales.

La reconnaissance des suicides liés au travail.

Que l’employeur renonce au management pathogène et qu’il prenne des mesures de prévention en terme d’organisation du travail.

Que les personnels bénéficient de la visite médicale annuelle de droit avec la médecine de prévention (médecine du travail dans la fonction publique).

Une baisse du temps de service face élève de trois heures pour les enseignant-e-s du second degré, les trois heures libérées étant consacrées au travail en équipe ; une revalorisation conséquente de la rémunération des personnels, un début de carrière à 1700€ ;

Que le travail soit adapté à l’homme et non l’inverse afin d’éviter ces événements tragiques : ce qui nécessite que l’employeur renonce au management pathogène et prenne des mesures de prévention en terme d’organisation du travail.



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