L’apprentissage à 14 ans : la politique d’abandon et d’exclusion continue !

mercredi 18 janvier 2006

 

Pour répondre à la révolte de quelques quartiers laissés en déshérence depuis trop longtemps, le sieur de Villepin a réinstitué un état d’urgence datant de la guerre d’Algérie et fait du gouvernement français le premier gouvernement au monde à revenir sur l’âge d’entrée dans le monde du travail et à sortir de la scolarité commune obligatoire. Marine Le Pen a pu applaudir cette mesure préconisée par le Front National.

 

 

Après les racailleries sarkozystes le gouvernement, sous couvert de trouver une solution pour les moins adaptés au système scolaire, continue sur sa pente ultraréactionnaire en permettant leur exclusion plus rapide.

Ce projet est à la fois une fumisterie démagogique que nombre de parents (dont ceux de la PEEP) et de profs défendront, sans d’ailleurs toujours penser que cela pourrait s’adresser à leurs propres enfants, une escroquerie pédagogique qui détruit l’apprentissage au lieu de le valoriser puisqu’il induit qu’il n’y a pas besoin de formation générale, que le travail manuel ne nécessite ni maturité ni réflexion, alors que l’expérience sur le terrain prouve que l’apprentissage réussit surtout aux élèves les plus structurés, ayant déjà un projet professionnel.

Vous remarquerez aussi que l’on ne demande pas aux dentistes ou aux chirurgiens, excellents manuels, de se former à leur futur métier par l’apprentissage !

Alors qu’il y aurait besoin de mieux d’école, d’imagination, de générosité, d’écoute et de savoir faire pour transformer un système scolaire souvent en panne , on conforte l’école élitiste des bonnes familles et des alibis que seront quelques boursiers très méritants.

A ceux qui ne peuvent se couler dans le moule, on offre de se former sur le tas, la liberté par le travail !

Le socle commun, cher à M. Fillon, deviendra alors minimal, voire fantomatique, sachant que la pré orientation se fera entre 12 et 13 ans. Ce n’est plus du SMIC mais du RMI culturel !

En fait, on retrouve dans ce projet une très vieille idée lorsque se divisaient professionnalistes et scolaristes.

Les premiers privilégiaient, dans le droit fil des corporations et du compagnonnage, un apprentissage en entreprise, adapté au marché local du travail et surtout impliquant la docilité et l’adhésion de l’apprenti aux valeurs patronnales.

Les seconds insistaient davantage sur le rôle de la scolarisation et sur une formation générale : ils auront gain de cause après la seconde guerre mondiale avec la création de l’enseignement professionnel.

Ce n’est donc pas un hasard que ce soit au moment où cet enseignement professionnel est le plus attaqué que surgit cette mesure rétrograde.

Derrière ce projet, il n’y a pas seulement l’idée de se séparer au plus vite d’éléments dont on ne sait que faire dans un système scolaire traditionnel, il y a surtout une vision du monde où les savoirs généralistes ( lettres, sciences, sciences humaines, arts plastiques etc…) deviennent superflus et inutiles à ceux que l’on destine à la seule précarité. Apprentissage et stages pour accéder à des emplois précaires et au RMA , voilà l’avenir !

A tous ceux qui demandent avant tout écoute et considération, à ceux qui ont le plus besoin de se sociabiliser, le gouvernement répond par l’esprit de classe, le mépris et la lâcheté.

Il faut plus de courage pour repenser le système scolaire, l’adapter à tous pour qu’élèves et enseignant apprennent à communiquer dans la même langue, pour que l’école soit un lieu de valorisation et non d’échec, pour que des activités « ouvrières » soient enseignées à tous, pour briser la hiérarchie absurde intello/manuel. Le collège, mais aussi l’école primaire doivent se transformer en profondeur pour permettre aux élèves les moins en phase avec la culture scolaire d’évoluer sans ce sentiment de rejet source de toutes les violences.

 

 

C’est pourquoi il faut tout faire pour s’opposer à une telle mesure parce qu’elle renforce la discrimination sociale , met en danger notre code du travail : sinon, quand réagirons-nous  ? Lorsque des enfants de 10 ans s’épanouiront sur les chantiers, derrière les caisses des supermarchés ?

gilles