Avec les protocoles, pour SUD éducation, il ne doit y avoir aucune réouverture avant septembre !

dimanche 3 mai 2020

Le gouvernement s’entête à ouvrir les écoles à partir du 11 mai, puis à ouvrir les établissements du second degré. Nous avons enfin reçu les « protocoles sanitaires » d’ouverture des écoles et des établissements.

De ces protocoles de 54 pages, on ne peut dire qu’une chose : les écoles et établissements deviendraient des lieux de confinement pour enfants, les enseignant.es des garde-chiourmes sanitaires, et les personnels d’entretien des machines à « bionettoyer ». Tout ceci dans un seul but : accélérer le redémarrage de l’économie.

Toutes et tous, comme professionnel.les de l’éducation, sommes pleinement conscient.es des problèmes liés à la fermeture des établissements. Tou.tes et tous ressentons de la tristesse à ne pas retrouver nos élèves.

Mais comment penser un instant que les enfants, accueillis par un discours angoissant, contraints à une distanciation stricte, à 15 dans des salles de 50 m² (drôle de calcul !), rivés à leurs tables, face à un.e enseignant.e portant un masque en maternelle (et prenant la responsabilité de les infecter pour les autres niveaux), gardant une distance permanente, pourraient avoir la tête aux apprentissages ?

Comment penser un instant qu’il sera possible de garantir un lavage des mains, donc des déplacements, avec la distanciation requise, sans des mesures disciplinaires incompatibles avec l’enseignement ?

Comment garantir une distanciation sociale en tout temps et en tout lieu dans une école ou un établissement ?

Ces dispositifs sont maltraitants, générateurs d’angoisse pour les enfants et pour les enseignant.es. Inapplicables dans beaucoup d’écoles, ils ne servent qu’à couvrir leurs auteurs de toute poursuite pénale. La responsabilité retomberait alors sur les maires, les présidents des conseils départementaux (qui n’auraient pas pu appliquer ces consignes) ou sur les enseignant.es (qui n’auraient pas pris leur température tous les jours !).

Ces nouvelles annonces montrent que la réouverture prématurée des écoles et établissements a pour objectif premier de permettre au patronat de reconstituer ses profits en permettant aux élèves les plus jeunes d’être pris en charge au plus vite par l’école, dans un dispositif de garderie carcérale. La situation pour les parents salarié.es sera aggravée par la fin du dispositif de chômage partiel début Juin, qui les contraindra, si ce n’était pas encore le cas, à reprendre le chemin du travail. C’est pourquoi nous rendrons service aux parents salarié.es en n’ouvrant pas les écoles, car on ne pourra pas les contraindre à reprendre le travail.

SUD éducation revendique que la réouverture des écoles et établissements ne se fasse pas avant septembre, le temps que la situation sanitaire s’améliore, et que les écoles et établissements puissent se préparer.

Dès à présent, il faut que la rentrée de septembre soit préparée avec sérieux, non seulement sur le plan des garanties sanitaires mais également par la mise en œuvre d’un plan d’urgence pour l’éducation.

Sud Éducation a contacté les maires du département pour les appeler à ne pas ouvrir les écoles, le conseil départemental, et s’est adressé également au Recteur d’Académie.

Le ministre l’a dit : si les conditions sanitaires ne sont pas respectées, l’école ne doit pas ouvrir : lisez bien le protocole ! C’est par sa lecture que vous pourrez juger si le retrait sera légitime ou pas, aux yeux de la hiérarchie. Nous ajoutons une chose : si l’école doit devenir une prison, ce sera sans nous !

Pour SUD éducation, les conditions sanitaires ne seront pas réunies et ne permettent pas une reprise en mai dans de bonnes conditions pour les élèves et le personnel : une rentrée en septembre permettrait d’avoir le temps de mieux préparer les classes et les établissements au niveau matériel ainsi que l’embauche de personnels supplémentaires.

Pour SUD éducation, la rentrée de septembre doit donner lieu non seulement à la mise en œuvre de toutes les garanties sanitaires que le gouvernement se montre incapable de fournir actuellement, mais aussi à un plan massif d’investissement dans l’éducation, de manière à compenser les inégalités qui se sont accrues pendant la période de confinement.

SUD éducation soutiendra les personnels qui, face au risque que fait courir l’administration ainsi qu’aux élèves et à leur famille, feront usage de leur droit de retrait.


Documents joints

communiqué fédéral