Pas de rentrée sans sécurité, et pas n’importe comment !

samedi 2 mai 2020

Dans une note rendue publique samedi 25 avril, le Conseil scientifique préconise la réouverture des écoles et des établissements en septembre.
Le Conseil scientifique indique dans une autre note spécifique que la décision de les rouvrir de manière prématurée le 11 mai est une « décision politique » et non sanitaire.

Le Japon notamment, qui a ainsi rouvert partiellement ses écoles le 6 avril, les a de nouveau fermées une semaine plus tard, confronté à une seconde vague de contamination. Le président Macron et le gouvernement ont décidé de passer outre l’avis du Conseil scientifique dans l’unique but de satisfaire le patronat en renvoyant les salarié.es sur leur lieu de travail au mépris de leur vie et de leur santé.
On repart donc lundi sur les cours à distance dans une cacophonie générale, des annonces contradictoires, des ordres et contreordres. Que savons-nous aujourd’hui 27 avril des conditions concrètes de cette reprise ? Rien.
Le gouvernement ne présentera son fameux plan que Mardi 28 !

Des fédérations de parents d’élèves au Conseil de l’ordre des médecins en passant par le conseil scientifique, de nombreux maires ou élus de régions et le Sénat, nombre d’institutions jugent que les conditions sanitaires ne seront pas réunies pour une ouverture, qui présentera donc un véritable danger pour l’ensemble des agents, des élèves et de leur famille, même si de très récentes enquêtes (qui tombent à point nommé !) circulent sur le fait que finalement les enfants seraient moins « contamineurs » que ce qu’on pensait… Après les mensonges sur l’utilité des masques, on sait ce qu’on doit en penser.

Nous sommes confronté.es à la même impréparation que lors de l’annonce subite de la fermeture des établissements et du lancement de la fameuse « continuité pédagogique », mais cette fois les conséquences peuvent être autrement plus graves !

On nous a présenté cette décision de réouverture comme étant dictée par la nécessaire prise en charge des élèves les plus en difficultés, socialement et familialement. Aujourd’hui, il ne fait aucun doute que c’est en réalité et d’abord pour obliger les parents afin qu’ils retournent au travail qu’on ouvrirait les écoles. Car si les élèves en difficulté préoccupaient ce gouvernement, il aurait bien changé, lui qui avec sa politique d’austérité a fragilisé l’école et l’ensemble des services publics au détriment premier de ceux et celles qui en ont le plus besoin.

Par ailleurs, si le retour à l’école n’est plus obligatoire mais au bon vouloir des familles, comment peut on espérer y voir nos élèves les plus désocialisés ?
En dehors des garanties sanitaires, qui sont loin d’être données - et ce ne sont pas les tergiversations des derniers jours sur les masque obligatoires ou pas qui vont nous rassurer - quelle continuité de suivi peut-on espérer avec des élèves présent.es au petit bonheur la chance, tandis que d’autres devront être « accompagné.es » à distance ?

Dans ce contexte, SUD éducation se montrera particulièrement attentive aux annonces que doit faire le Premier ministre mardi prochain, tant du point de vue des garanties sanitaires que des conditions de télétravail. Pour SUD éducation, l’urgence est avant tout sanitaire : le gouvernement et le ministre n’apportent aucune garantie pour la santé et la sécurité des personnels, élèves et parents.

En Mai comme en Septembre et tant que le virus circule, dans les écoles et les établissements, doivent être garanties :

  • des tests sûrs et réguliers
  • des effectifs et une organisation compatibles avec la distanciation sociale
  • des toilettes et points d’eau suffisants pour le lavage des mains
  • du matériel sanitaire (masques, gel hydroalcoolique, gants, ..) en quantité suffisante
  • une désinfection fréquente des locaux et du matériel

La liste des problèmes qui se posent est bien trop longue pour une rentrée le 11. Le protocole présenté le prouve, il met en place des conditions d’accueil carcérales et anxiogènes. Le gouvernement doit renoncer à son projet. Il est important que nous nous organisions collectivement pour faire savoir que nous n’accepterons pas de reprendre dans des conditions dangereuses, et que nous saurons utiliser notre droit de retrait, si le gouvernement ne renonce pas à ses projets. Mais cette décision est difficile à prendre individuellement.

Dans ce contexte, à Sud Éducation, il nous semble important que nous ne restions pas isolé.e. Il faut nous organiser par établissement, par école pour faire connaître nos positions collectivement, afin de mettre la pression sur le gouvernement pour qu’il cesse cette mascarade.

Et si reprise il doit y avoir, en Mai, en Juin comme en Septembre, elle doit se faire après une concertation réfléchie, dans les meilleures conditions possibles, à la fois d’un point de vue sanitaire et d’un point de vue social.

Et pour ce qui est du pédagogique, dans les conditions de reprise annoncées et le flou intégral actuel, il nous semble qu’il faudra faire du 3ème trimestre un trimestre « blanc ». Toute autre perspective à visée d’évaluation sommative ou de bouclage accéléré de programme contribuerait à ce que se creusent encore les inégalités.

Organisons-nous dès cette semaine, dans chaque établissement, de la maternelle au lycée, pour réunir nos colères et refuser la culpabilisation individuelle. Nous pouvons par des réunions à distance, mettre en commun nos refus et revendications pour les faire remonter à nos hiérarchies.

À défaut des garanties indispensables, et si le gouvernement persiste dans ses projets, SUD éducation appellera les personnels à ne pas se rendre dans leur école ou établissement dans le cadre de leur droit de retrait ou de leur droit de grève.