Pandémie : des décisions inconséquentes.

lundi 16 mars 2020

Depuis les annonces de fermeture des établissements scolaires jeudi soir par Macron, les personnels d’éducation et la population ont été plongés dans l’incertitude en raison de l’impréparation du gouvernement et des ordres contradictoires qui ont circulé depuis.

La communication désastreuse n’a fait ces derniers jours que plonger un peu plus les personnels dans une insécurité qui n’était pas nécessaire en cette période et les a livré·e·s aux lubies de certain·e·s chef·fe·s d’établissements zélé·e·s. Les représentant.es de l’État se permettent à présent de reprocher à la population de ne pas respecter des consignes qui n’ont pas été données.

Le Rectorat de Rennes a enfin pris la mesure de la gravité de la situation en n’obligeant pas les personnels à se rendre aux réunions programmées dès lundi. Il est scandaleux d’avoir attendu la veille au soir et de nombreuses interpellations syndicales pour s’assurer que la santé des personnels et de la population seraient prises en compte.

Au-delà de la suspicion du Ministre envers les personnels qui démontre une fois encore la supercherie du slogan « l’école de la confiance », SUD éducation considère que le ministère a manqué gravement à ses obligations en matière de santé et de sécurité des personnels.

Depuis cinq jours, Blanquer ne cesse d’être contredit par ses propres services, le Premier ministre et le Président de la République.

Il doit cesser de communiquer des ordres contradictoires et anxiogènes pour tous les personnels.

Il doit cesser de renvoyer aux échelons locaux les prises de décisions, ce qui multiplie les initiatives hasardeuses des hiérarchies locales (chef-fe-s d’établissement et IEN), reporter tous les examens et toutes les injonctions autoritaires et absurdes.

La présence inutile sur le lieu de travail est irresponsable et dangereuse.

En ce qui concerne l’accueil d’enfants des personnels de santé mobilisés dans la crise, nous ne remettons pas en cause la nécessité de continuité du service public pour appuyer ces collègues qui sont en première ligne, alors que le service public hospitalier a été dévasté par des années de réformes et réclame depuis des années des moyens supplémentaires. Mais il nous paraît inconséquent d’assurer un accueil sans des conditions sanitaires minimales. SUD éducation exige que toutes les mesures soient prises pour minimiser les risques de santé pour les personnels de l’Éducation Nationale et les enfants accueillis. Tant pour les enfants que pour les personnels, il nous semble indispensable de fournir masques, gels désinfectants, serviettes jetables ou sèches mains et de donner des consignes claires aux adultes concerné.e.s.

Concernant l’injonction de « continuité pédagogique » et la mise en demeure du télétravail, nous appelons les collègues à surtout ne pas se précipiter et à prendre le temps de mettre en place les choses progressivement.

L’urgence est sanitaire et pas « pédagogique » au sens où l’entend le ministre. Nous invitons les collègues à borner les temps de consultation des mails et surtout à bien informer les familles que les réponses à leurs sollicitations ne seront pas immédiates. Par exemple, dans le secondaire en ne répondant aux mails que sur les horaires habituels de classe ou dans le premier degré en différent toute réponse de 24h.

Le télétravail ne s’improvise pas, c’est un important facteur de risque psycho-social au travail et à ce titre, il ne faut pas hésiter à consigner les dégradations d’exercice dans le RSST, qui peut être rempli par courriel. Si ça ne semble pas utile dans l’immédiat, cela permettra de mettre en place des garde-fous...

Vous trouverez sur le site de la fédération SUD éducation la Foire Aux Questions sur nos droits dans le cadre de l’épidémie du coronavirus https://www.sudeducation.org/
Et aussi au cas où tout sur le droit de retrait Covid 19 https://www.sudeducation.org/Droit-de-retrait-Covid-19-modele-de-depot.html

Enfin, les luttes sociales sont toujours d’actualité. L’ « Union sacrée » contre le coronavirus ne justifiera pas qu’on oublie la politique antisociale du gouvernement, aggravée par la crise qui s’annonce, notamment pour les plus précaires. Nous continuerons à appeler au retrait du projet de loi sur la réforme des retraites, avec ou sans âge pivot. Nous continuerons à dénoncer la mise en place des E3C, la loi pluriannuelle de programmation de la recherche, les suppressions de postes, la précarisation et la répression dont sont victimes les personnels mobilisé.es.