« École du socle » : les « réformes Blanquer » passent en force dans l’Académie de Rennes.

lundi 4 mars 2019

Les députés ont adopté la loi Blanquer, dite « école de la confiance », le 19 février. Cette loi a été adoptée à la hussarde, notamment le 15 février un amendement à l’article 6 qui prévoit la constitution d’établissements publics des savoirs fondamentaux (EPSF), autrement dit les « écoles du socle ». L’amendement, adopté avec l’approbation du gouvernement, prévoit le regroupement des écoles autour d’un collège dans un bassin géographique. Les enseignant-e-s de ces écoles seront placé-e-s sous l’autorité du personnel de direction, flanqué d’un (ou plusieurs) adjoint (s) en charge des écoles.

En fait, dès le 30 septembre 2018, la Rectrice de l’Académie de Rennes, lors de sa conférence de presse, avait anticipé ce projet, en prévoyant déjà la mise en place de ces fameux réseaux. L’académie serait donc désignée « académie pilote ». Par la suite, le projet, diffusé par les inspecteurs de circonscription, s’est confirmé, en prévoyant la création de 25 réseaux d’écoles dès la rentrée 2019, puis durant l’année scolaire 2019-2020 l’extension aux 210 collèges publics de l’étiquette « école du socle », regroupant les écoles autour du collège de secteur. La Rectrice, dans un courrier du 5 mars, se défend d’établir un lien entre EPSF et « école du socle », mais la réalité est bien celle-là.
On voit incidemment l’intérêt en terme d’économies de postes : danger pour les petites écoles (par exemple de moins de 4 classes), pouvant être appelées rapidement à fusionner avec une autre structure du secteur ou simplement par élévation du seuil d’ouverture de classe, diminution du nombre de postes de direction....

Ce projet aura des conséquences graves pour le service public d’éducation et les personnels.
Jusqu’ici, quel que soit le rôle que l’administration voulait leur donner, les personnels chargés de direction d’écoles demeuraient des collègues ; ils et elles participaient à égalité à l’élaboration des décisions collectives dans l’école. Ce ne sera plus le cas avec la mise en place d’une hiérarchie intermédiaire qui constituera un échelon bureaucratique de plus, éloigné des lieux de travail des personnels et ne partageant pas leur quotidien.
Pour les élèves et leur famille, ce sont des suppressions de postes massives à prévoir, qui aboutiront à des fermetures d’écoles en nombre, en particulier des écoles rurales.

Ce projet se révèle pour ce qu’il est : une entreprise de destruction des écoles rurales de proximité et une volonté renouvelée de mise au pas des personnels.

Les autres aspects de la loi Blanquer » dite sans rire « école de la confiance » (novlangue classique à présent), sont aussi graves, notamment le fait d’obliger les communes à financer les écoles maternelles privées (toujours moins pour l’école publique), la remise en question de la liberté d’expression des personnels, la « mutualisation » de l’accompagnement du handicap par les AESH, la possibilité accrue pour des assistant-es d’éducation et étudiant-es de remplacer des enseignant-e-s, la réforme de la formation des enseignant-e-s, la possibilité de réformer par ordonnances la composition des CAEN/CDEN.

Enfin, la création d’ « établissements publics internationaux » permettra encore une fois de donner plus à ceux qui ont déjà plus, tandis qu’aux autres sera servi le « socle commun ».

SUD éducation dénonce ce texte depuis sa première présentation au Conseil Supérieur de l’Éducation, et appelle les personnels, les parents, les élu-es à se mobiliser pour défendre leurs droits et le service public d’éducation.

Plus que jamais, nous revendiquons un service public d’éducation, avec une école polytechnique et autogérée, qui garantisse à tou-te-s les élèves l’appropriation de tous les types de savoirs – qu’ils soient manuels, techniques, artistiques ou théoriques – reposant sur des pratiques pédagogiques coopératives et émancipatrices.