Il nous faut une autre réforme du collège

vendredi 4 novembre 2016

Comme nous nous y attendions, la mise en place de la réforme du collège, dans le cadre de la « refondation de l’école », s’avère ardue pour chaque établissement. La cacophonie est au rendez-vous et l’absence d’harmonisation patente. Les chef-fes d’établissement ont dû jongler, pour réaliser les emplois du temps des élèves et des professeur-es, avec les alignements nécessaires à la mise en place des Aides Personnalisées (AP), des Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI), des groupes de langues, le tout en tenant compte des disponibilités des salles ou de la possible coanimation lors de ces nouveaux dispositifs obligatoires.
L’année scolaire passée a été marquée par la prolifération de réunions pour préparer la mise en place de cette réforme, le plus souvent hors du temps devant élèves ou même, in extremis, le 04 et le 05 juillet ! Il est donc évident que la plupart des EPI ou des AP sont encore en cours d’élaboration, même si les professeur-es du 2nd degré n’ont pas eu d’autres choix que de travailler cet été pour ne pas être submergés à la rentrée par les nouveaux programmes, les AP et les EPI.

Des formations insuffisantes

Les 5 journées de formation imposées au dépens de notre formation continue annuelle, ont été un énorme temps perdu. Censées nous éclairer, elles ont surtout réussi à brouiller les cartes avec des informations souvent contradictoires, des formateurs ou formatrices non formé-es, des documents non finalisés ou d’autres trop « précieux » pour être distribués aux enseignant-es et seulement proposés à la consultation ! Certes des informations ont été mises en ligne, mais la consultation des sites « educ.gouv » ou « eduscol » reste toujours une épreuve de force et les documents fournis manquent souvent de clarté et de concision.
Pendant ces réunions, les professeur-es ont -encore une fois- servi de têtes chercheuses pour réaliser des propositions pertinentes de cours, d’EPI ou d’AP en tenant compte du nouveau livret unique de compétences ou des nouveaux programmes. Un véritable casse tête peu concluant et souvent fastidieux au vu du travail à mener dans les classes et des autres impératifs liés au métier.
Les enseignant-es du 2nd degré ont fini l’année épuisé-es, découragé-es et désorienté-es, avec l’impression désagréable d’être laissé-es seul-es face à une immensité de questions et de pistes de travail possibles.

Des nouveautés qui masquent la réalité

Si l’on en croit la brochure ONISEP distribuée à tous les élèves de collège en fin d’année dernière, les « nouveautés mises en place pour mieux apprendre » vont permettre des « parcours éducatifs pour développer son esprit critique, sa créativité et son sens de l’autonomie. » Visiblement, le ministère a de l’argent pour soigner la propagande !

Nos positions

Sud éducation lutte pour une autre école, d’autres pratiques pédagogiques, et donc pour un autre collège. Mais la réalité du terrain, vécue par l’ensemble des collègues du second degré nous démontre -s’il en était besoin- que la réforme 201 6 n’est qu’une énième contre-réforme, qui dégrade aussi bien les conditions de travail des personnel-le-s que celles des élèves. La volonté revendiquée d’innovation, d’aide aux élèves en difficulté ne peut pas masquer la réalité : l’adaptation du système éducatif aux impératifs de rentabilité.
Cette réforme, basée sur l’autonomie des établissements, la concurrence entre les disciplines et les équipes, les financements aux projets n’est pas avancée ni pour nos élèves ni nous.

A quand une véritable réforme du collège ? Nous voulons qu’elle soit, notamment, basée sur :
• une réelle concertation des équipes intégrée dans leurs heures d’enseignement,
• une baisse des effectifs par classe pour permettre un réel accompagnement individualisé,
• un véritable projet d’école polytechnique garantissant à tout-es les élèves l’exploration des savoirs techniques, manuels, artistiques ou théoriques et s’appuyant sur des pratiques pédagogiques réellement coopératives et émancipatrices.