Dans la grande confusion ministérielle actuelle, nous sommes face à deux réformes menées en parallèle, en principe prévues pour la rentrée 2016, l’une concernant les SEGPA spécifiquement, l’autre les COLLÈGES.

• La réforme des SEGPA est encore en négociation : on sait ce que veut dire ce mot pour le ministère, et ceux qui pensent que « le gouvernement a reculé » (vous pouvez consulter les articles en lignes des autres syndicats) font preuve d’une belle naïveté.
• Quant à la réforme des COLLÈGES, elle est déjà actée, après la concertation qu’on sait, par le décret 2015-544. Cette réforme est défendue par l’UNSA et le SGEN.

Beaucoup de collègues pensent que la précipitation et la confusion de ces réformes mèneront au capotage de l’ensemble, mais on peut prendre le temps de réfléchir à la manière dont ces projets abordent la difficulté scolaire.

Prendre en compte la difficulté scolaire ?
Le projet de circulaire sur les SEGPA (que vous trouverez référencée abondamment sur les sites syndicaux, et sur laquelle le ministère ne recule pour rien d’essentiel) prévoit un « parcours de scolarisation » des élèves en très grande difficulté dans des sixièmes générales, en prétendant par la « co-intervention » d’un enseignant PE spécialisé et d’un PLC régler le problème de la très grande difficulté.

Avec quels moyens ?
Vu l’absence de moyens alloués en concertation, on se doute bien du résultat. Comment deux enseignants peuvent travailler ensemble sans y consacrer du temps ? Le ministère « aurait reculé » disent certains syndicats. Mais même si au final, il resterait bien une 6ème SEGPA, la gestion de l’inclusion restera « pilotée » par chaque établissement...inclusion il y aura donc. Isolés, les collègues concernés auront bien du mal à se défendre.

Vous avez dit « concertation » ?
Certains syndicats se gargarisent de la concertation PE/PLC prévue : mais les nouveaux statuts prévoient une concertation EN PLUS des 18 heures pour les PLC, et aucun alignement du temps de travail des PE spécialisés sur leurs collègues PLC : c’est inacceptable !

Et la difficulté scolaire, dans tous ça ?
La réforme des COLLÈGES prévoit 3 heures « d’accompagnement personnalisé » pour « tenir compte des spécificités de chaque élève » en 6ème, et une heure ensuite de la 5ème à la 3ème.

Ces projets organisent ainsi le « traitement » de la difficulté scolaire dans une confusion inouïe : on balaie d’un revers de main le dispositif des SEGPA en sixième, et on prétend mettre en place 3 heures « d’accompagnement personnalisé » pour tous les élèves sans aucun cadre conceptuel sérieux.

Ensuite (de la 5ème à la 3ème), une seule heure est allouée (sauf à prendre des heures ailleurs, c’est l’autonomie), tandis que dispositif SEGPA semble pour le moment perdurer.

Comme pour l’aide personnalisée qui a préfiguré la casse des RASED dans le premier degré, comme pour l’aide personnalisée en lycée, cette réforme, malgré ce qu’en feront les enseignant-es, au mieux ne réglera rien, et au pire aggravera la situation des élèves en difficulté : ceux qui seront orientés en SEGPA à l’entrée en collège seront inclus dans un système de « co-intervention » où ils assisteront à une liaison PLC/PE confuse en compagnie des autres élèves. Et tous les élèves seront renvoyés à leurs difficultés en « bénéficiant » d’un « accompagnement personnalisé », qui certes pourra être utile aux élèves bien intégrés (qui profitent de toutes façons de tous les dispositifs), mais qui est évidemment insuffisant pour les élèves en très grande difficulté, et notamment pour ceux orientés en SEGPA.

La grande difficulté scolaire restera donc ce qu’elle est, et les enseignant-es, impliqué-es par obligation, verront leur temps de travail augmenté, sans aucun résultat probant. Frustration et souffrance en perspective...

Ce que nous voulons
Nous devons exiger et obtenir un bilan des politiques mises en œuvres, notamment en amont des COLLÈGES : quelles sont les conséquences sur les élèves en difficulté de la casse des RASED, des effectifs chargés, de la réforme des rythmes ?

Nous devons exiger une vraie réflexion sur le dispositif des SEGPA et non un bricolage en 6ème qui transformerait les PE spécialisés en « super-AVS » , et exigerait s’il était sérieusement mis en place un temps de travail en commun PE/PLC impossible à assumer.

Nous devons exiger et obtenir pour tous des diminutions d’effectifs et des dédoublements de classe. Nous devons exiger et obtenir des heures pour enseigner et des heures pour se concerter, mais assortie d’ une diminution du temps de travail.