Les SEGPA dans les Côtes-d’Armor (suite)

mercredi 24 juillet 2013

Dans un article précédent nous nous inquiétions de l’avenir de l’enseignement spécialisé en SEGPA : des effectifs en hausse, sans que les moyens suivent. Comme d’hab’ ? Oui, mais ....

Les effectifs maximums prévus par les textes ne doivent pas dépasser 16 élèves en SEGPA (voir le BOEN 18 du 30 avril 2009). Tous les dispositifs sont donc possibles, dans ce cadre. C’est du moins ce que pense et fait la Direction académique, par l’intermédiaire de son secrétaire général et de l’inspectrice ASH en charge des SEGPA.
Pour ces petits chefs, la solution est simple : créer des doubles niveaux -6ème et 5ème là où c’est « nécessaire » (les SEGPA de Ploufragan-Grande Métairie et de Guingamp-Albert Camus sont concernées, pour 2013-2014).

Aux protestations des collègues (rassemblement à l’IA, entrevue, pétition, ...), la Direction académique, lors d’une audience le 12 juillet a répondu par des arguments méprisants, dont voici la teneur :

  • que le double niveau n’était pas négociable, et que c’était notre boulot de mettre en place les dispositifs avec les moyens qu’on nous donne, pas le sien
  • que de toutes façons, des doubles niveau en SEGPA, il y en avait plein dans l’académie (ah bon ?), et que rien ne prouvait que c’était néfaste pour les élèves
  • que les histoires d’effectifs lourds, c’était de la foutaise : les effectifs sont lourds dans l’Académie, et pourtant on est les meilleurs
  • qu’on est contre tout truc nouveau parce qu’on a peur du changement
  • que « si la Direction académique mettait en place tous les dispositifs auxquels elle pense », là on aurait des raisons de râler.

On savait déjà que l’enseignement adapté est souvent le parent pauvre dans les collèges : il s’agit pourtant d’élèves fragiles, qui ont besoin d’une bonne intégration dans les établissements.

Créer des doubles niveaux, c’est « ramener » ces élèves au niveau « école primaire », symboliquement au moins. A l’heure où l’on parle d’intégration, le clivage entre enseignement général et enseignement spécialisé va ainsi s’accentuer, notamment aux yeux des élèves eux-mêmes. Car où a-t-on vu des classes d’enseignement général du second degré en double niveau ?

Et bien sûr, les conditions de travail des enseignant-es vont s’en trouver encore dégradées. Certes, les doubles niveaux existent en primaire : mais tous les élèves n’y sont pas en difficulté, ce qui est le cas des élèves en enseignement spécialisé : tout le monde sait (ou devrait savoir) qu’enseigner en SEGPA est difficile.

C’est pourquoi les doubles niveaux sont inacceptables : ils aggraveront la situation d’inégalité qui touche les élèves de SEGPA, et celle des enseignant-es qui y interviennent.

SUD-Éducation soutient les revendications des collègues, PLP, PE et PLC, qui veulent les moyens en heures et postes d’exercer correctement leurs missions en SEGPA, et refusent un dispositif de double niveau.

Nous réclamons un enseignement adapté de qualité, assuré par des équipes formées, à égalité de statut (pour commencer, 18 heures pour toutes et tous, et une concertation comprise dans le temps de service)