Direction d’école : contre un statut de petit chef !

vendredi 14 juin 2013

L’ouverture de négociations au ministère sur la direction d’école en ce mois de juin 2013, qui semble tant réjouir certains syndicats, nous fait craindre un retour sur le devant de la scène du fameux statut de « maître-directeur », pourtant massivement rejeté en 1987 par la profession.

Certes la multiplication des taches administratives, due notamment à une paperasserie galopante, a quelque peu modifié le travail qu’engendre une gestion d’école. Mais plutôt que de créer un nouvel échelon hiérarchique, il est possible de recentrer le travail administratif sur l’essentiel, avec moins de pressions, de dossiers inutiles, d’enquêtes à faire dans l’urgence...

A SUD Éducation nous défendons l’idée d’une direction collégiale, fidèle à nos principes anti-hiérarchiques. Nous revendiquons du temps pour les équipes, tant pour l’organisation pédagogique qu’administrative des écoles. En revendiquant un temps devant élèves de 18 h, nous dégageons ainsi des heures de travail en équipe, de concertation, de formation, seules garantes d’une école émancipatrice et démocratique.

Cependant le ministère se garde bien de faire des annonces : nous savons bien qu’en cette période de contraintes budgétaires, il aura du mal à s’engager sur des réformes qui coûteront cher (les aides administratives, y compris par des emplois précaires type EVS, l’augmentation du temps de décharge, la revalorisation de carrière des seuls petits chefs... demandés par certains syndicats et associations de directeurs-trices). De plus, il y a quelques mois, M. Peillon assurait qu’il y a trop d’écoles en France pour donner un statut (et de l’argent) à tous leurs directeurs-trices ! Mais attention, cela sous-entend qu’en regroupant les écoles en établissements, donc en réduisant le nombre de directeurs-trices, l’échelon hiérarchique de chef d’établissement devient possible.

Revendiquer aujourd’hui un statut de directeur-trice, c’est aussi aller dans le sens de la transformation de l’école primaire en établissements de type second degré. L’institution, ainsi que de nombreuses équipes municipales, ont toujours essayé d’avoir un interlocuteur privilégié dans les écoles. On retrouve cette volonté dans le cadre de la refondation, notamment au travers de l’un des cinq grands axes du projet : « redynamiser le dialogue avec les partenaires de l’école, au premier rang desquels les parents d’élèves et les collectivités territoriales », et les projets communs école/collège. Nous avons l’exemple des « comités de pilotage » mis en place actuellement par de nombreuses mairies pour mettre en place la réforme des rythmes scolaires : il faut exiger que l’ensemble des collègues y soit, et non les seul-es directeurs-trices.

Dans ce débat, SUD Éducation porte une conception du fonctionnement des écoles bien différente de celle portée par la majorité des autres syndicats. Nous n’avons aucun besoin d’un échelon hiérarchique supplémentaire ni de la présence de petits chefs dans nos écoles !