Non à la mise en place du Livret personnel de compétences (LPC) !

mardi 3 avril 2012

Les enseignantEs dès le CE1 doivent procéder à la validation du livret de compétences (LPC), qui aurait la « double fonction » d’« outil institutionnel attestant la maîtrise des sept compétences du socle commun » et d’« outil pédagogique au service du suivi personnalisé des élèves ».
Il s’agit en fait de valider sur le mode binaire (0/1) la prétendue acquisition par les élèves d’ items rangés sous sept « compétences-clés », elles-mêmes conçues comme des combinaisons « de connaissances, d’aptitudes et d’attitudes appropriées à une situation donnée ». On pourrait considérer cette usine à gaz comme une simple mascarade bureaucratique, mais il y a mieux.

Un outil aux normes du patronat :

La similitude du LPC avec les conceptions « éducatives » de l’OCDE est évidente : il ne s’agit plus de garantir des qualifications précises, appuyées sur un diplôme, et reconnues par les conventions collectives, mais de valider des « compétences » diverses et polyvalentes, aux items absurdes ou non évaluables, sans aucune visée pédagogique : il s’agit surtout de continuer d’adapter l’école aux exigences des patrons.

Rien à voir avec une pédagogie quelconque :

Certains de ces items ne relèvent d’ailleurs même pas de la « compétence » des enseignants, (« adopte des comportements favorables à sa santé ») et d’autres sont si généraux qu’il ne serait guère prudent de les valider un jour (« Assumer des rôles, prendre des initiatives et des décisions » ou « Identifier des civilisations, des sociétés, des religions »), notre Président de la République lui-même n’étant guère compétent en matière de civilisations africaines, déclarées « sans histoire ».
Le principe pédagogique suivant lequel on ne doit évaluer que ce qu’on a enseigné devrait rapidement s’inverser : on finira par ne plus enseigner que ce que l’on devra évaluer, pour être sûr de rentrer dans la case !

Et un bel outil de flicage

Le LPC, devenu subrepticement une application numérique depuis janvier 2010 peut rendre de menus services à la police, puisque les données personnelles qu’il contient — et qui relèvent purement et simplement du fichage — sont exportables sur n’importe quel fichier de n’importe quel service .
Enfin, comme toutes les « innovations » de ces dernières années, la mise en place du LPC ne se substitue pas, mais s’ajoute inutilement à un dispositif préexistant. Il constitue donc une surcharge de travail pour les enseignants,mais aussi un bon moyen aussi de vérifier leur « manière de servir ».


Le LPC est donc un outil économique et un ustensile de flicage, vide de toute utilité pédagogique : il est encore temps d’organiser collectivement le boycott du LPC, dans le premier comme dans le second degré. La résistance s’organise un peu partout, il faut continuer !

SUD-EDUCATION APPELLE A BOYCOTTER COLLECTIVEMENT LE LPC