Réflexions sur la formation des enseignants

mardi 27 mars 2012

Des enseignants formés et compétents pour le bien des élèves et de l’école.

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Des préliminaires indispensables

Du passé proche, faisons table rase car il n’y a rien de bon à garder, du passé plus lointain, sachons en tirer des leçons...
- Abrogation immédiate des textes (lois et décrets) liés à la réforme de l’Education Nationale (EN) et de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR)
- Accompagnement professionnel et financier des étudiants engagés dans les masters actuels ou titulaires du master et sans emploi.
- Organisation indispensable d’une grande réflexion sur l’école et de son institution publique et laïque avec tous les acteurs concernés et les citoyens.
- Articuler sur toute la durée d’exercice la formation professionnelle des enseignants (initiale et continue).
- Permettre l’accès au métier d’enseignant de toutes les catégories sociales.

Agir pour l’école

Il faut avoir une réflexion globale et manipuler les leviers d’action simultanément.

- Repenser l’Ecole, les rythmes, les contenus d’enseignement (programmes), le métier de l’enseignant, les établissements scolaires et leur direction, par l’enrichissement intellectuel, sensible et technique de l’élève depuis l’âge de 2 ans jusqu’à la fin de la scolarité obligatoire portée à 18 ans.

- Sortir du prétexte « Lire, écrire, compter, et « cliquer » si l’on croit le programme du PS » qui néglige tous les apprentissages autres qui permettront aussi à tout élève de sortir de l’école avec des savoirs bien identifiés.

- Sortir l’École de la logique administrative et financière et l’analyser par son potentiel humain.

Quelques exemples :
- En finir avec l’hégémonie des technologies numériques qui ont fait disparaitre du champ de l’éducation des collégiens les savoirs faire manuels et techniques pour tous les élèves.

- Favoriser les travaux en équipe des enseignants de tous les niveaux pour leur permettre de s’enrichir mutuellement et de coopérer sur des projets pédagogiques motivants pour les élèves et pour eux.

- Limiter l’usage et la diffusion des documents administratifs inutiles pour les apprentissages.

- Limiter le pilotage du chef d’établissement trop global et cadré par la hiérarchie.

Rénover la formation des enseignants

- Permettre à chaque étudiant, de toute condition sociale, entrant à l’Université de se projeter dans le métier de professeur des écoles ou de lycée et collège ou de lycée professionnel dans une perspective proche. Il faut mettre en place un pré recrutement en fin d’année de L1.

- Créer des filières universitaires spécifiques au métier d’enseignant et d’éducateur et implantées sur tout le territoire (départements, DOM et TOM) : Ecoles de formation aux métiers de l’éducation et de l’enseignement ou Instituts Universitaires Professionnels autonomes (avec des enseignants de toute catégorie : enseignants du primaire, du secondaire, éducateurs, spécialistes universitaires et chercheurs).

- Dès la 2ème année de licence (L2) puis en L3, spécialiser la formation universitaire pour les enseignants du primaire (EP) avec toutes les disciplines enseignées à l’école et les enseignants du secondaire (ES) avec des disciplines spécifiques mais prévoir des passerelles et rattrapages pour changer éventuellement de voie.

- Cette licence professionnelle doit avoir une identité partagée par les EP et les ES en créant une formation générale et des stages d’observation dans tous les types d’établissements dès l’année de L2.

- En fin de licence, le concours de recrutement public est organisé. L’Education Nationale confie alors la formation professionnelle à l’Université. Les fonctionnaires (rémunérés) entrent dans des masters professionnels pendant deux ans.

  • le concours est régional pour les EP, concours spécial pour les langues régionales
  • le concours est national pour les ES (général, professionnel et technologique)
  • des épreuves de culture générale, professionnelles, disciplinaires

- La licence professionnelle doit permettre une orientation vers d’autres masters (professionnels ou de recherche) et de la même manière, le concours doit être accessible aux autres étudiants de licence L3.

- La première année de formation professionnelle (ou de master M1) s’articule entre enseignements disciplinaires et formation en stage accompagnés par des enseignants de terrain.

- La deuxième année de formation professionnelle (ou de M2) consiste en une pratique dans les établissements encadrée par des formateurs de l’Institut, des conseillers pédagogiques et des maitres formateurs.

- A l’issue du « Master pro » délivrance du diplôme par une équipe pluridisciplinaire (formateurs, enseignants, inspecteurs du premier ou second degré) reposant un dossier personnel de formation.

- La première année sur le terrain doit s’exercer à proximité des lieux de formation avec un accompagnement de tuteurs référents dans l’établissement.

- La formation professionnelle tout au long de la vie est un droit et s’inscrit dans le service statutaire des enseignants. De la même façon, les universitaires ont une obligation d’assurer une partie de la formation des enseignants.

- Affectation prioritaire des nouveaux enseignants sur des postes protégés. Pour les postes réputés difficiles, soulager le service devant élèves en permettant des heures de formation / échanges / concertation... au sein des équipes pédagogiques. Ce n’est plus le salaire qui doit nous guider mais le temps ! Il faut revoir les procédures d’affectation sur l’ensemble de la carrière....

Revoir le mode de recrutement des formateurs et personnels d’encadrement.
- Doter les instituts universitaires professionnels d’une structure administrative et financière propre permettant une autonomie totale au sein de l’Université avec un personnel administratif titulaire (agents BIATOS et cadres)

- Des formateurs alternent l’enseignement effectif dans un établissement et la formation à l’Institut.

- Des formateurs exercent à temps plein à l’institut pour assurer la cohérence et le suivi des formations disciplinaires et transversales. Ils sont recrutés sur un contrat de 5 ans et doivent, au terme du contrat, effectuer au moins une année en établissement scolaire pour pouvoir renouveler leur contrat.

- Tous les candidats aux fonctions de formateur ou de personnel de direction ou d’inspecteur doivent subir un examen de qualification de compétences professionnelles ( ex CAFIPEMF ou agrégation interne, IEN, IA-IPR, ...). Obligation pour tout personnel d’encadrement, d’effectuer des stages réguliers sur le terrain des établissements scolaires.

Loïc Poullain
Formateur de physique chimie et technologie à l’IUFM de Bretagne, site de Saint Brieuc
Hervé Ferrière, Maitre de conférences, histoire des sciences, IUFM de la Guadeloupe


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