Un exemple de dialogue social …. ou comment la préfecture se fout des revendications des personnels, des parents et des élus

mardi 14 février 2012

Une entrevue exemplaire

Vendredi 10 février, une délégation de 5 syndicats (CFDT, FO, SNUipp, SUD Educ, UNSA), de parents d’élèves d’écoles touchées par une fermeture de classe et d’élus a été reçue par le directeur de cabinet du préfet. La Préfecture n’admettant que 15 personnes, sont finalement entrés 5 représentants syndicaux, 5 parents, 3 maires et 2 conseillers généraux.

Présentation des revendications de l’assemblée départementale des parents élus et enseignants :

  •  l’annulation de toutes les fermetures
  •  l’ouverture de toutes les classes nécessaires
  •  l’annulation de toutes les suppressions de postes « hors classe »
  •  la restitution des 48 postes retirés à notre département.

La délégation a précisé qu’elle était solidaire avec les écoles absentes mais touchées elles aussi par une fermeture ou une non-ouverture et qu’elle demandait le report du CDEN (conseil départemental de l’Éducation Nationale), du fait de l’absence du nouveau Préfet.

Les élus ont insisté sur :

 - les mesures impitoyables de carte scolaire qui mettent un coup de frein brutal aux investissements des communes dans leur(s) école(s)
 - le transfert des inscriptions du public vers le privé

Les parents en ont remis une couche :

 - l’IA ne prend pas en compte les évolutions des effectifs (à la hausse) à court terme
 - la stabilité des équipes enseignantes s’avère encore plus difficile

Les élus, les parents, les syndicats tous ensemble ont enfin fait remarquer que...

 - l’intégration des enfants handicapés devient difficile dans des classes surchargées
 - la suppression des RASED est en contradiction avec les objectifs gouvernementaux affichés (lutte contre l’échec scolaire, lutte contre la montée de la violence en milieu scolaire, ....)

 
Réponses du directeur de cabinet :

 - le CDEN est maintenu au mardi 14 février (plus besoin de quorum à atteindre), et sans le Préfet. Le report demandé par syndicats et parents est donc refusé.
 - il est en relation constante avec le DA (= Inspecteur d’’Académie) et celui-ci fait avec ce qu’on lui donne...

 Et au bout de trois quarts d’heure, le directeur de cabinet se lève et c’est fini, au revoir. Voilà encore un exemple du mépris dans lequel sont tenus les citoyens qui depuis des semaines manifestent leur mécontentement devant les mesures de carte scolaire qui touchent les Côtes-d’Armor, comme les autres départements.

Et la concertation, et le paritarisme dans tout ça ?

un mot du rectorat

Les tristes résultats de cette entrevue nous permettent de rappeler que, alors même que les instances de l’Éducation nationale (Rectorat, Inspection d’académie) nous assurent régulièrement de leur attachement au paritarisme, et que celles de l’État nous clament qu’elles sont à l’écoute du dialogue social, les pratiques des autorités sont bien différentes de ce qui est affirmé.

En ce qui concerne le paritarisme, dans le 2nd degré, le mouvement de juin 2011 s’est fait au mépris du barème dans un certain nombre de matières
Le paritarisme dans l’éducation nationale devrait pourtant être un rempart contre une gestion individuelle des affectations et des carrières, rempart sans lequel les collègues se retrouveraient seuls à négocier leur poste face à leur hiérarchie. C’est pourtant ce qui se passe déjà pour les non titulaires, et pour les établissements « Éclair ». Le B.O spécial du 6 novembre 2008 laissait entrevoir ce risque, en stipulant par exemple que « le barème constitue un outil de préparation aux opérations de gestion et ne revêt donc qu’un caractère facultatif ». La récente circulaire « Éclair » de l’Académie ne fait que le confirmer.
Des postes à profil existent déjà et échappent à la procédure habituelle de nomination ; si les affectations peuvent maintenant être modifiées, elles échappent aussi aux CAP et les représentants des personnels ne peuvent plus exercer correctement le contrôle de la régularité du mouvement.

Ne nous leurrons pas, les représentants syndicaux n’ont jamais « fait le mouvement », et toutes les CAP ne sont que consultatives. Mais le rôle des représentants du personnel dans ces instances, déjà faible, se réduit peu à peu à peau de chagrin.

Quant aux instances comme le CTSD (comité technique spécial départemental) et le CDEN, elles sont aussi consultatives. Elles « peuvent être consultées et émettre des vœux », ça veut tout dire. Face à des autorités de l’État (Préfet, Inspecteur d’Académie) dont la seule mission est de faire respecter les directives du gouvernement, qui lui même ne cherche qu’à récupérer des postes, aucune illusion à se faire.

Au CTSD, les ouvertures/fermetures se négocient à la marge, mais toute ouverture se traduit par une fermeture ou par une suppression de poste, dans ce contexte de réduction budgétaire à tout prix. Et en ce qui concerne la carte scolaire, le CDEN ne fait qu’écouter et enregistre les décisions. Après certes avoir écouté les critiques, Inspecteur d’Académie et Préfet s’assoiront dessus.

Plus que jamais, ce sont les luttes collectives qui pourront faire reculer ce gouvernement.

  • annulation de toutes les fermetures !
  • ouverture de toutes les classes nécessaires !
  • annulation de toutes les suppressions de postes « hors classe » !
  • restitution des 48 postes retirés à notre département. !

Pour protester contre ce mépris institutionnel et réaffirmer le rejet des suppressions de postes, SUD-Education n’a pas siégé le Mardi 14 février au CDEN, et appelle les citoyens à refuser la casse du service public d’éducation.


Documents joints

communiqué SUD CDEN 14 février 2012